Le Nouvelliste
Au sanatorium et à l’HUEH, les mots d’ordre de grève sont levés
Sept. 21, 2020, midnight
Les médecins résidents du sanatorium de Port-au-Prince ont levé, le lundi 21 septembre, la grève qui paralysait son fonctionnement. Ils ont reçu les 12 mois d’arriérés de frais mensuels. Les travailleurs de santé de l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH) qui réclamaient de meilleures conditions de travail ont également mis fin à leur mouvement de grève. Les autorités sanitaires ont commencé à livrer le matériel nécessaire au bon fonctionnement du plus grand centre hospitalier du pays. La grève a payé. Il a fallu que les médecins résidents du sanatorium entrent en grève pour forcer le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) à leur octroyer les frais mensuels non perçus depuis 12 mois. Il a fallu aussi une grève à l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH) pour que le MSPP dote le plus grand centre hospitalier du pays de civières, de charriots, de chaises roulantes et le renflouement des bombonnes d’oxygène vides. Lundi, après deux semaines, les patients tuberculeux ont pu bénéficier des soins que leur cas nécessitait tandis qu’à l’HUEH des centaines de malades ont été pris en charge. La grève observée depuis le 10 septembre au sanatorium a été levée temporairement. Les médecins ont reçu intégralement leurs chèques. À l’HUEH, les travailleurs de santé ont repris leur tablier. « Nous avons reçu l’intégralité de nos frais ce matin. Il y a des chèques qui sont signés depuis avril et d’autres le 10 septembre 2020, le jour même où nous avons lancé le mot d’ordre de grève», a confirmé le porte-parole des résidents, le Dr Anderson Jean-Baptiste. « Il a fallu que nous entrions en grève pour que nos frais nous parviennent. Cela montre vraiment le degré de méchanceté de nos autorités », a ajouté le médecin. Dans une interview accordée au journal, le Dr Jean-Baptiste a néanmoins précisé que la grève est levée temporairement puisqu’il y a plusieurs revendications qui ne sont pas encore satisfaites. Médecins en formation, les résidents réclament deux mentors : un spécialiste en radiologie et un interniste (spécialiste en médecine interne). Ils exigent également des moyens pour effectuer les diagnostics, pour assurer les suivis médicaux et des médicaments pour le traitement des patients. Spiromètre, fibroscope, échographie thoracique figurent parmi le matériel exigé. « Nous leur accordons un délai de deux mois pour équiper l’hôpital et mettre à notre disposition les deux mentors », a menacé le médecin. Depuis un an, l’unique centre de pneumologie du pays fonctionne sans interniste. De son côté, le président du Syndicat des travailleurs de la santé à l'HUEH, Lebien Joseph, a rappelé les motifs de la levée de la grève des syndicalistes. Il a indiqué que les autorités sanitaires ont commencé à doter l’hôpital du matériel et des équipements exigés. « Nous avons recu huit charriots, 14 chaises roulantes, 12 civières. Un des deux autoclaves (appareils servant à stériliser le matériel) en panne a été réparé. La ministre de la Santé nous a informé qu’une commande de deux autoclaves a été placée », a détaillé M. Joseph, interrogé par le journal. M. Joseph a par ailleurs ajouté qu’il compte encore sur le MSPP pour doter l’hôpital d’une ambulance et d’un véhicule de fonctionnement et d’une génératrice de 150 kilowatts. « Ce qui nous intéresse, c’est le bien-être du patient. C’est la raison pour laquelle nous étions en grève. Ce sont les autorités qui nous ont forcés à observer cette grève », a affirmé le syndicaliste, qui dit attendre un ajustement salarial pour les travailleurs de la santé dans le prochain budget du pays.