Le Nouvelliste
Le Premier ministre Joseph Jouthe et son gouvernement investis dans leurs fonctions
March 4, 2020, midnight
« L'heure est grave. Nous vivons aujourd’hui une situation socioéconomique précaire qui pourrait déboucher à tout moment sur une catastrophe humanitaire. Notre pays est à l’agonie », tel est le constat du nouveau Premier ministre, qui, il y a peu, occupait le poste le ministre de l’Économie et des Finances du pays. Joseph Jouthe, qui n’a pas eu à présenter sa politique générale devant le Parlement, annonce dans son discours au Palais national qu’il va mettre l’accent sur trois axes prioritaires. « Haïti est un pays où tout est urgent, tout est une priorité! », a reconnu le nouveau chef de gouvernement. Toutefois Joseph Jouthe a annoncé que trois éléments vont constituer les piliers de l’action de son gouvernement. D’abord, « le rétablissement du climat sécuritaire est essentiel à la stabilité de la nation », a-t-il fait savoir. À ce niveau, le numéro un de la Primature a dit vouloir prioriser la prévention et le renseignement au sein de la police nationale. S’agissant des derniers mouvements de protestation des policiers exigeant le respect de leur droit de se syndiquer, le Premier ministre a souligné qu’il est le chef du CSPN. « Je suis le premier policier de la République. Je suis le premier membre et seul syndicat que vous recherchez. Votre code déontologique ne vous donne pas encore le droit à un syndicat » , a-t-il fait savoir aux policiers leur promettant d’améliorer leurs conditions de travail et un traitement spécial. Le chef du gouvernement a dit avoir ordonné au chef de la PNH de mettre en place une équipe pour faciliter la communication au sein de la PNH. « Ce qui vient de se passer est une simple question de communication », a estimé le chef du CSPN. Le deuxième axe prioritaire de Joseph Jouthe est la réduction des inégalités sociales. « Nous devons venir en aide aux plus vulnérables par des mesures concrètes qui passeront pas la mise en place d’un filet de sécurité sociale en matière d’alimentation, un meilleur accès aux soins de santé et une éducation de qualité », a-t-il promis. Par ailleurs Joseph Jouthe veut mettre l’accent sur la relance de l'économie. « La création d’emplois durables passe obligatoirement et notamment par une bonne gouvernance dépouillée de tout favoritisme… », a-t-il ajouté. Sur la crise politique, le nouveau Premier ministre a appelé l'opposition politique à une trêve. Il leur a aussi demandé de laisser le pays en paix. « Les leaders politiques sont tous mes amis. Donnez-moi une trêve, je ne veux plus de désordre dans le pays. Qu’il soit de l’opposition modérée ou radicale, ils sont tous mes amis. Je ne trahirai pas mes amis, mais laissez-moi en paix… », a-t-il lancé. « Je ne saurais prétendre assumer seul mes responsabilités de Premier ministre et vouloir obtenir des résultats satisfaisants sans y associer chaque secteur public ou privé, chaque fille et chaque fils de la nation », a affirmé M. Jouthe, qui promet que lui et son équipe vont utiliser à bon escient les faibles ressources de l’Etat. Jovenel Moïse veut un budget… Pour le président de la République dans son discours, ce nouveau gouvernement est un changement majeur dans la gouvernance du pays. « La situation est grave et nous n'avons pas beaucoup de temps ! Le peuple a faim et il a besoin de sécurité ! Mettez-vous au travail rapidement, le peuple attend de solutions rapides et efficaces », a exigé Jovenel Moïse de son Premier ministre. Le chef de l'État a souligné à l'attention de la nouvelle équipe gouvernementale qu’il vient de passer deux ans sans budget et un an sans gouvernement légitime. « Il faut travailler avec les partenaires financiers, spécialement le FMI pour avoir un nouveau budget rapidement. C’est à travers ce budget que l’on va juger votre gouvernement », a avancé le chef de l’État. M. Moïse a appelé son nouveau chef de gouvernement à être intègre et à l’aider à concrétiser ses promesses de campagne. « Je n'ai aucun doute sur votre capacité à assumer votre responsabilité », a-t-il fait savoir à Joseph Jouthe. Jovenel Moïse a demandé à la nouvelle équipe gouvernementale de déclarer la guerre à la faim, à l'insécurité et au chômage. Ce nouveau gouvernement a été installé dans un contexte de crise politique et institutionnelle avec la caducité du Parlement. Le président du bureau restreint de dix membres du Sénat, Pierre François Sildor, représentant du CSPJ, le gratin de la communauté internationale en Haïti, les hauts états-majors des Forces Armées d'Haïti et de la police, l’ancien Premier ministre Jean-Michel Lapin et des membres de son gouvernement, des personnalités de divers secteurs du pays ont assisté à l’investiture du nouveau gouvernement.