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Le Nouvelliste

Le secrétaire d’État américain appelle les acteurs au dialogue; pas avec Jovenel Moïse, répondent ses opposants

Nov. 7, 2019, midnight

Cette fois, c’est le chef de la diplomatie américaine, Michael Pompeo, qui appelle tous « les leaders » à un dialogue pour résoudre la crise politique en Haïti. « Nous appelons tous les leaders d’Haïti à se mettre ensemble pour résoudre la crise politique actuelle et le blocage économique à travers le dialogue et les institutions. Nous sommes aux côtés de tous les Haïtiens qui, pacifiquement, appellent à ce que des responsabilités soient assumées », a tweeté, jeudi 7 novembre, le secrétaire d’État américain qui a annoncé la présence en Haïti du navire-hôpital USNS/Comfort. Sur les appels au dialogue de plusieurs entités de la communauté internationale et aujourd’hui de Michael Pompeo, le secrétaire d’État américain, Lemète Zéphyr a indiqué que « personne ne veut entendre cela ». « Tout le monde prend comme une blague l’idée de négocier, de dialoguer avec Jovenel Moïse », a-t-il ajouté. « Les ambassades lancent des appels en ce sens. Elles soufflent le chaud et le froid depuis plusieurs semaines. Les gens, en tout cas, ceux que nous avons contactés, qui échangent avec nous au quotidien, voient les choses autrement. Ils pensent que le président doit partir. La société l’exige, la situation l’exige. Les Américains, à l'instar de tous les étrangers, essaient de faire le jeu diplomatique. Mais ce qui va être décisif, c’est l’attitude des Haïtiens, le comportement des acteurs politiques et de la société civile », a affirmé Lemète Zéphyr.    « Nous rejetons d’un revers de main cet appel au dialogue. Je dis que nous sommes prêts à être leur ami mais nous ne sommes pas disposés à avoir des rapports colon-esclave  avec quiconque », a commenté le sénateur de l’Ouest, Antonio Cheramy. « Ils sont complices dans la situation d’Haïti. Je pense que le meilleur comportement consiste à écouter les cris des différents secteurs, des masses populaires. Chez eux, ils prennent de grosses décisions pour destituer un président. Chez nous, nous disons qu’il y a des choses que nous n’aimons pas. Il y a des comportements que nous n’accepterons pas du président et de la communauté internationale », a rétorqué le sénateur Antonio Cheramy.      « La communauté internationale est impliquée et est complice de tout le désordre qu’il y a dans le pays. Elle  appuie des corrompus qui tuent le peuple. Comment voudriez-vous que je dialogue avec quelqu’un qui est responsable du massacre de La Saline, de Bel-Air, qui est responsable d’assassinats dans des communes du pays ? Sur quelle base  vais-je dialoguer avec quelqu’un dont tous les secteurs exigent la démission ? Comment vais-je dialoguer avec quelqu’un dont le nom est cité 69 fois dans le rapport de la CSC/CA sur PetroCaribe ? », s’est demandé le sénateur de l’opposition Antonio Cheramy . L’ex-sénatrice Edmonde Supplice Beauzile, responsable de la Fusion, membre de Mache Kontre, est favorable au dialogue mais pas avec le président Jovenel Moïse. « Le dialogue peut permettre aux acteurs politiques de trouver un consensus sur la rupture réelle. Le dialogue n’est pas une panacée aux problèmes. Le dialogue est un pan. Il y a d’autres choses qui doivent l’accompagner. Il faut injecter de l’argent dans l’économie pour faire baisser l’inflation et nourrir le peuple. Je préfère dialoguer avec les autres acteurs. Pas avec le président Jovenel Moïse. C’est une perte de temps », a répondu Edmonde Supplice Beauzile.    « Je peux dire que Mike Pompeo a rejoint les partis politiques dans la démarche Mache Kontre qui parlent d’un dialogue. Je dis merci à Mike Pompeo qui a entendu et compris », a poursuivi Edmonde Supplice Beauzile.