Le Nouvelliste
Fièvre ou Covid-19 : le protecteur du citoyen préoccupé par le sort d’une centaine de prisonniers atteints et du peu de moyens de l’administration pénitentiaire
May 25, 2020, midnight
Renan Hédouville, protecteur du citoyen, était l’un des invités de Panel Magik samedi. L’institution qu’il dirige, l’Office de protection du citoyen (OPC), a publié un rapport sur la situation dans les prisons et la garde à vue en Haïti dans le contexte de l’épidémie du coronavirus. Le protecteur du citoyen s’est dit alarmé et préoccupé par le sort des détenus alors que des épidémies de fièvre sont déclarées dans des centres carcéraux de Port-au-Prince, de Petit-Goâve, de Jacmel et de Cap-Haïtien. « La situation est très grave dans la prison de Petit-Gôave où l'on avait déjà enregistré des décès provoqués par cette « fièvre ». Il revient au MSPP de se prononcer sur les causes exactes de ces décès. Une trentaine de détenus souffrent de la maladie à Petit-Goâve. Cette épidémie de fièvre touche également les prisons civiles de Jacmel et du Cap-Haïtien. Une dizaine de détenus souffrent au Cap-Haïtien », rapporte-t-il. Cette semaine, Le Nouvelliste a appris que pas moins de 11 détenus du pénitencier national ont été testés positifs à la Covid-19. Ce, sur plus d’une quarantaine de prisonniers présentant des signes de fièvre et de grippe. Le protecteur du citoyen a déploré l’absence de mesures d’accompagnement pour les détenus qui souffrent. « Je ne peux pas parler de prise en charge ni de mesures d’accompagnement. La Direction de l’administration pénitentiaire n’a pas de moyens financiers pour intervenir. De plus, les procédures administratives sont très lentes. Cela prend beaucoup de temps à la DAP pour dégager des fonds pour l’achat de médicaments ou pour faire autre chose. Il faut d’abord envoyer le dossier à la Direction générale de la PNH, avant de l’acheminer au ministère de l'Économie et des Finances. La DAP n’a pas d’autonomie financière », explique-t-il. Renan Hédouville a évoqué les déclarations contradictoires des autorités publiques sur ce qui se passe dans les prisons. « Le directeur général du MSPP, Lauré Adrien, a déclaré qu’il n’y a pas une épidémie de fièvre en Haïti, mais une épidémie de Covid-19. Le directeur de l’administration pénitentiaire, Noël Nazaire, a pour sa part déclaré qu’il y a une épidémie de fièvre au pénitencier national. Elle est où, la vérité scientifique ? Ces contradictions provoquent une psychose chez les parents des détenus et les détenus eux-mêmes », fait-il remarquer. Pour Renan Hédouville, la situation préoccupante actuellement est liée à la promiscuité, la surpopulation et la détention préventive prolongée dans les prisons. « La situation des détenus dans les prisons et en garde à vue, déjà très critique auparavant, s’est détériorée dans le contexte de la pandémie. Les centres de détention se caractérisent par une promiscuité et une surpopulation. De plus, la nourriture se fait rare. Par exemple, à la prison civile de Port-au-Prince, les détenus n’ont droit qu’à un seul repas par jour. Et ce, grâce au support de l’organisation philanthropique Food for the Poor. Les problèmes de santé augmentent. C’est pour cela que l’OPC lance un cri d’alarme à travers ce rapport spécial », a expliqué Renan Hédouville.