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Le Nouvelliste

Pénurie de carburant : les activités tournent au ralenti

Sept. 4, 2019, midnight

Déjà trois jours depuis que la nouvelle rareté de carburant bat son plein dans le pays. Les stations d’essence sont restées pour la plupart fermées. La capitale et ses environs ressentent de plein fouet cette onde de choc dont la propagation pourrait nuire à la rentrée des classes. Aux abords du Champ de Mars, on peut voir les pompes cadenassées dans un caisson métallique de peur qu’elles ne soient sabotées ou brûlées. Les rares stations qui distribuaient les produits pétroliers aux motocyclistes et aux automobilistes les plus chanceux (ou les plus violents) sont fermées le mercredi 4 septembre 2019. Munis de récipients, des automobilistes, des chauffeurs de taxis-motos sont en quête permanente de gazoline. Certains, sur la base des rumeurs, sont à l’affût pour s’approvisionner dans quelques rares stations qui pourraient en avoir. D’autres se résignent à en acheter n’importe où. Ils se fichent des conséquences. Rosemond, chauffeur de taxi-moto, deux gallons en main, cherche sa direction. Il a au moins trois endroits en tête. « Je vais à Delmas ou à Nazon ; on m’a dit qu’on y distribuait de la gazoline. Je n’ai pas pu travailler depuis un certain temps, alors il me le faut. Si je n’en trouve pas, je suis prêt à payer 500 gourdes le gallon », a-t-il confié. Le prix de la gazoline n’est plus fixé par l’État. Les chauffeurs nous racontent qu’ils sont à la merci du vendeur. Selon le cas, le prix (224 gourdes à la pompe) peut doubler, voire tripler. Ce coût élevé, ne les effraie pas pour autant. Cette dépense sera répercutée sur les passagers. « Depuis lundi, j’ai pu trouver de l’essence. Aujourd’hui, je dois en acheter peu importe le prix. Si les gens ne veulent pas payer le prix qui convient alors je ne pourrai pas les conduire », a indiqué un chauffeur de taxi-moto. En lieu et place de la réparation des routes et d’autres préparatifs pour le retour des élèves en classe le 9 septembre, la rue est occupée par des détritus et la suie noirâtre, salissante des pneus enflammés. Port-au-Prince s’est réveillé quasiment en mode lòk ce mercredi. La plupart des rues sont clairsemées ou abandonnées avec des piles d’immondices ici et là. La ville nage sous des tonnes de déchets.  S’il y a moins de barricades à travers les rues, des piles d’immondices en feu servent d'entraves improvisées dans certains endroits. Dans plusieurs intersections, des pneus enflammés ont été érigés en signe de colère de la population.  À Port-au-Prince, ceux qui ont le courage de s’aventurer craignent de ne pas pouvoir trouver une place à bord d’un tap-tap pour rentrer chez eux. L'atroupement dans les gares d’autobus est compact. La fatigue et la crainte de ne pas trouver un autobus pour gagner son logis hantent Nadia qui vient tout juste de faire le dépôt de ses pièces pour le concours d’admission à la Faculté des sciences humaines de l'Université d'État d'Haïti. Elle s’impatiente. Les quelques rares camionnettes assurant le trajet centre-ville/ Christ-Roi sont bondées de gens. Le prix du taxi-moto ayant grimpé, bon nombre de gens choisissent l’option la plus simple : parcourir des kilomètres à pied pour gagner leur maison.   Ricardo Lambert et Michelson Césaire