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Juno7

Gangs Armés et Vodou : la nécessité d’un sens moral et éthique

Jan. 21, 2021, midnight

Quelques temps de cela, j’ai visionné une vidéo de courte durée montrant deux personnages,vraisemblablement des membres de gangs, l’un tirant à bout portant sur l’un des pieds de l’autre sans provoquer d’éclaboussures ni de perforations sanglantes. En temps normal, celui qui s’y est prêté à ce genre d’expérience aurait pu sortir avec des dommages corporels. Dans un premier temps, j’ai souri en me disant que les occidentaux portent des gilets de sécurité visibles et palpables et c’est quasiment normal de leur point de vue. Les haïtiens portent aussi un gilet de sécurité mais invisible et bien présent puisque le corps ne subit aucun impact de projectiles et c’est tout aussi normal de notre point de vue. Cela ouvre bien de nouvelles perspectives qui incitent à considérer le visible et l’invisible suivant un autre paradigme scientifique. D’autre part, mon esprit s’est attardé à saisir un autre message sur le phénomène des gangs en Haïti. Etant intéressée aux aspects métaphysiques, j ai passé un temps fou à effectuer un voyage dans le temps pour comprendre et pour arriver à donner un sens anthropologique à l’émergence de ces groupes armés. Alors, j’ai commencé par visualiser les bandes à Ti Noel Prieur, les bandes à Biassou et de Jean-François, les bandes à Yayou du temps de la colonie. J’ai aussi passé en revue les gangs de Arnel Joseph, les gangs de Ti Mepris, d’Odma, de Barbecue, de Gabriel et autres, comme contemporain.Des points de ressemblance mais surtout des divergences en ressortent de ce tableau comparatif. Leurs dénominations restent identiques malgré plus de trois siècles d’écart. Le groupe s’identifie par rapport au patronyme du chef de file. Par exemple «». Il existait une géolocalisation des bandes d’esclaves sous la période coloniale. Il en est de même actuellement: . Les deux groupes ont une affiliation au vodou et se servent des «pwen». Ils sont investis de capacités de protections «surnaturelles» rendant leurs chefs invincibles pour la plupart. Par exemple, «» sous la colonie;  actuellement «», chef de gang des «400 Mawozo» à la Croix des Bouquets. Odma dispose d’une croix de protection et d’une couleuvre, dit-on. Babecue «pa pran bal».Les membres des deux groupes proviennent de milieux défavorisés : les bandes à Yayou et Petit Noel Prieur étaient des esclaves révoltés qui menaient une vie infrahumaine dans les habitations de leurs maîtres. Ceux de Vilaj, de site solèy, de Savien, de la Croix-des-Bouquets habitent les zones défavorisés, couramment appelés «geto» ou de milieux paysans pauvres. La bande à Yayou disposait pour la plupart d’armes bactériologiques (), des armes blanches (couteaux) et des armes de guerre de l’époque (carabine et autres) [je suppose]. actuellement, les bandes ou gangs disposent d’un arsenal de guerre incomparable à celui de la Police Nationale, les rendant plus que redoutables. La bande à Yayou s’approvisionnait en armes et munitions à partir des troupes français vaincus mais aussi à partir de laboratoires bactériologiques existantes. Ils avaient une vision et une orientation et luttait en fonction d’une idéologie de libération liée au contexte esclavagiste. Les bandes actuelles sont approvisionnés en munitions par des politiciens, des parlementaires, des éléments mafieux du secteur privé haïtien. Au lieu de ravir des armes et des munitions, ils sont régulièrement alimentés par des patrons locaux et semblent défendre des intérêts individuels dans une mouvance de luttes politiques internes mettant face à face les autorités en place et leurs opposant politiques. L’histoire semble se répéter mais avec un arrière goût plutôt amer. Car, il existe beaucoup plus de ressemblance quant à leur mode opératoire.Mais, revenons à cette vidéo que j’ai évoqué au début de cet article. D’un point de vue analytique, cette scène devrait attirer l’attention de trois groupes d’individu dans la société : Pour les anthropologues, les politologues et historiens, cette scène est d’une révélation extraordinaire en ce qu’elle révèle au grand public une arme stratégique d’Etat que les ancêtres combattants ont utilisé dans la guerre de l’Indépendance ; mais tout aussi gravissime car, de telles capacités appartenaient à une elite [je présume]. Or actuellement, il apparaît que cette connaissance est libérée sans aucun sens moral et éthique à des individus sans foi ni loi, dédiés à une cause individualiste et non collective. Je présume également que ceux détenant le secret de l’invincibilité descendent d’une lignée aux missions bien spécifiques : vaincre l’ennemi colons par tous les moyens. Actuellement ceux qui s’accapare de cette capacité se dresse non pas contre les colons mais contre leurs frères haïtiens dans une lutte fratricide sans aucune saveur nationaliste. C’est la banalisation d’une connaissance de guerre hors du commun et c’est là le plus grand danger pour la société. Dans l’imaginaire collective haïtienne, on parle de «». Et toujours est-il que cela restait l’apanage d’une catégorie spécifique d’individu appartenant soit à l’Armée ou la Police Nationale. Mais, il n’en demeure qu’ une telle capacité était réservée à une élite. Mais depuis l’apparition des «», sous la période Aristidienne, des personnages pour le moins emblématique ont fait leur apparition sur la scène politique avec épithète «». Ce sont les «». Abattre ces personnages ont nécessité l’application de moyens singuliers correspondant à leurs capacités, comme les «» et autres stratégies bien connues de ceux pratiquant cette science. C’est une évidence, il s’agit d’une arme de combat.Existe t-il une différence ou des similitudes entre les partisans d’Aristide, originaire des ghettos et les gangs fédérés actuellement en lien avec cette capacité d’invincibilité ? Forcément, mais tel n’est pas l’objet de cet présent article. Pour l’Homme ou la Femme d’Etat avisé-e, de telles capacités en appelle à renforcer et à moderniser de telles pratiques en mettant à l’oeuvre de véritables politiques publiques en partenariat avec les sociétés secrètes haïtiennes. Il est clair que ceux qui ont prodigué ces «» sont coupables au premier chef. Transmettre pour de l’argent des connaissances ou des «pouvoirs magiques» à des individus mal intentionnés et reconnus comme tel par le donateur relève du cynisme et de criminalité avérée. Cela renvoie à jeter des perles aux pourceaux. Où sont les autorités vodou ? quid de l’Ati National et toutes les cohortes qui l’accompagnent?Où sont les sociétés secrètes () ? La nation a besoin de vos services. Il existe dans le vodou un principe qui veut que chacun est chef de son badji ou de son «lakou». « ; «» a ses propres principes de fonctionnement er règlementations. D’un point de vue historique, culturel et stratégique de telles attitudes demeurent compréhensives. Mais aujourd’hui, face à certaines dérives constatées de certains agents vodou qui nuisent profondément à la société, l’heure n’est-elle donc pas venue pour assigner de nouvelles consignes ou code de conduite collective ?  l’heure n’est-elle donc pas venue pour le vodou de trouver un modus operandi moderne capable de relier toutes ses unités fonctionnelles (lakou, bitasyon, peristil) autour de nouvelles pensées éthiques et morales fin d’établir des balises pour protéger la collectivité. Et au mieux, l’heure n’est-elle donc pas venue pour créer de nouvelles structures d’élite adaptées au contexte actuel pour surveiller, contrôler et rétablir l’ordre parmi les pratiquants de la spiritualité vodou, parmi les déviants, et surtout parmi les politiciens mal intentionnés qui utilisent le coté obscur au détriment de la lumière ? Sinon, le vodou deviendrait complice de la terreur semée par ces déviants car, tous les chefs de gangs sont réputés invincibles (. De ce fait, le vodou devient automatiquement complice des pleurs, des morts et des actes de barbaries perpétrés par ces individus sur leurs victimes en particulier et sur la population en général. Vodou où es ton sens éthique et morale !!!!!