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Le Nouvelliste

L'Union européenne se démarque de l'OEA et des autres bailleurs de fonds 

June 4, 2020, midnight

A un moment où l’on s’écharpe sur la durée du mandat du président Jovenel Moïse et que de nombreux partis politiques de l’opposition refusent toute idée de participer aux prochaines élections, la délégation de l’Union européenne en Haïti, sans prendre partie, a renouvelé son appel à un dialogue inclusif en Haïti sur fond de Covid-19 et de violence systématique dans des quartiers populeux de la capitale.  La Délégation de l’Union européenne « renouvelle » « son appel à un dialogue politique inclusif entre toutes les forces vives du pays afin d’accorder les conditions nécessaires pour l’organisation d’élections libres, honnêtes et démocratiques, dans un cadre constitutionnel et législatif renouvelé qui réponde aux aspirations du peuple haïtien », lit-on dans ce communiqué de la délégation de l’UE qui a exprimé « ses profondes préoccupations, car la résurgence de la violence constatée dans le pays pourrait anéantir tout effort allant en ce sens ». « Elle appelle toutes les parties à agir de manière responsable et constructive », a poursuivi le communiqué de la délégation de l’UE qui a « réitéré » «sa volonté de poursuivre un partenariat sincère fondé sur la confiance mutuelle et le respect d’exigences démocratiques élevées ». En quelques lignes les diplomates de la vieille Europe s'éloignent de la question du mandat du président Moïse, ne rejoignent pas ceux qui réclament des élections au plus vite et dans n'importe quelles conditions.  « Les discussions entamées se poursuivent afin que l’aide de 165 millions d'euros de l’UE (180 millions de dollars américains) soit réorientée au mieux pour aider le pays à faire face aux défis mis en lumière par cette crise », a poursuivi la délégation de l’UE, qui souligne que « cet objectif ne pourra être atteint que dans un contexte présentant des conditions suffisantes de stabilité et de sérénité ».  Même distance sur les questions d'argent. L'UE ne se précipite pas. Elle conditionne son aide.  « La Délégation de l’Union européenne est particulièrement préoccupée car la Covid-19 vient aggraver une situation humanitaire, sociale et économique détériorée, alors que de nombreux Haïtiens étaient d’ores et déjà confrontés à d’extrêmes difficultés pour faire face au quotidien », a indiqué ce communiqué. « La Délégation de l’Union européenne souhaite exprimer son entière solidarité en cette période de pandémie de la Covid-19 et renouveler son plein soutien au peuple haïtien pour faire face à cette crise sans précédent », lit-on dans ce communiqué de la Délégation de l’Union européenne.  La note est rendue publique alors que le 29 mai dernier, le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, supporté en général par les Etats-Unis d’Amérique dans ses prises de positions, s’était aligné sur la position du président Jovenel Moïse qui soutient que son mandat prend fin, contrairement aux affirmations de personnalités de l’opposition politique et de la société civile, le 7 février 2022.  « Comme le stipulent les textes fondateurs du système interaméricain, les gouvernements légitimes n’émanent que d’élections libres et régulières. Le processus électoral et la durée du mandat présidentiel résultent d’un calendrier, antérieurement défini, prévu par la Constitution. En ce sens, le Secrétariat général de l’OEA exhorte l’ensemble des forces politiques de la République d’Haïti à trouver un cadre de coopération en vue se conformer à la lettre et l'esprit de l’ordre constitutionnel en respectant le mandat présidentiel de cinq ans. Dans ce contexte, le mandat du président Jovenel Moïse arrivera à terme le 7 février 2022 », avait affirmé le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro. « Le Secrétariat général de l’OEA continuera à suivre de près l’évolution de la situation en Haïti. En parallèle, l’OEA demeure prête et disposée à travailler avec toutes les parties impliquées dans la recherche de la meilleure solution pour le peuple haïtien », avait conclu ce communiqué qui a fait la joie du pouvoir et provoqué la colère de certains hommes politiques qui ne se sont pas privés d’étaler le passif et la méfiance vis-à-vis de l’OEA en Haïti. La position des Européens contraste aussi avec celle de plusieurs bailleurs de fonds qui ont fait des annonces de supports à Haïti et à son gouvernement sans faire d'exigences particulières.  Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un décaissement de 111,6 millions de dollars pour aider à la balance des paiements d’Haïti, pays confronté à la pandémie de Covid-19, avait fait savoir le FMI dans un communiqué rendu public vendredi 17 avril 2020. La pandémie a aggravé les perspectives économiques déjà mauvaises d’Haïti qui devra faire face à une baisse nette des flux de transferts, la réduction des exportations, avait noté le FMI. Les dépenses directes dans la santé et le secteur social alors que les ressources fiscales sont en baisse aggraveront le déficit fiscal et les besoins de financement, avait indiqué le FMI. Le FMI aidera à couvrir certains de ces besoins au bénéfice de la population et permettra de réduire la pression sur le gouvernement qui doit s’assurer du paiement des salaires de certains professeurs et travailleurs, fournir une assistance financière via le transfert d’argent, des rations alimentaires […], avait indiqué le communiqué. La Covid-19 pose des défis à Haïti, pays qui se trouve dans une situation fragile avec des services sanitaires limités et qui vient de sortir de deux ans d’instabilité sociopolitique ayant détérioré la situation économique. Des mesures sont prises par le gouvernement pour stopper la propagation du virus et mitiger l’impact du choc économique, a déclaré M. Tao Zhang, assistant directeur, siégeant au poste de chairman du board exécutif. Le gouvernement américain, via l’USAID, dans le cadre de la réponse à la Covid-19, avait annoncé en avril également une aide de 13,2 millions de dollars à cet effet. « Le gouvernement américain engage 13,2 millions de dollars pour lutter contre la #Covid-19 en Haïti pour soutenir des activités de sensibilisation, l'accès à l'eau et l'assainissement, la prévention, la gestion des cas de Covid-19, les laboratoires, etc. », avait fait savoir l’USAID.  Roberson Alphonse