Le Nouvelliste
L’église Saint-Anne de nouveau debout à la rue du Centre
Jan. 24, 2020, midnight
« Les travaux du gros œuvre ont pris fin. À présent on est à la phase de finition ». Le père Joseph Dercieux Désiré, curé de la paroisse peut se targuer d’arriver à cette phase de la reconstruction de ce qui fut la grande paroisse de Saint-Anne. Monument historique classé par l’Institut de sauvegarde du patrimoine national (ISPAN), Saint-Anne se tient debout dix ans après. Pour ceux qui connaissaient l’édifice avant le 12 janvier 2010, ils ne seront pas surpris. Le style architectural du sanctuaire épouse la forme de l’ancien édifice qui a été détruit par le tremblement de terre de 2010. Doté d'une façade-écran composée d'un avant-corps central, le sanctuaire présente un plan en croix qui comporte une nef rectangulaire et un chœur droit. Un imposant clocher sera disposé à l'avant sur le faîte du toit à deux versants. Visible sur le chantier, la cloche attend d’être suspendue tandis que l’échafaud est déjà mis en place. En hommage à son histoire, le curé a fait construire au rez-de-chaussée un cimetière d’une capacité de 28 caveaux. Construit à la fin du XIXe siècle, l’ancien édifice a été érigé sur une nécropole, le cimetière intérieur de Port-au-Prince. Parmi les personnalités haïtiennes les plus remarquables inhumées au cimetière intérieur, figurent les noms de : l’empereur Jean-Jacques Dessalines, Coutillien Coutard, Charlotin Marcadieu, Joseph-Balthazar Inginac, François Élie Dubois. Dans la cour de l’école Saint-Anne subsistent encore plus d’une dizaine de monuments funéraires. « Rien que pour cette vérité historique, j’exigeais qu’on ait ce cimetière », a confié le curé. Des nombreuses églises détruites lors du séisme dévastateur qui a mis à genoux le pays, Saint-Anne fait partie des rares sanctuaires à être reconstruits. « On n’a pas démarré tout de suite. Il fallait procéder au déblayage des sites : le prestataire, l’église et l’école. On a consacré l’année 2010 à la réalisation de ces travaux. Ce n’est qu’après trois ans qu'on a entamé les démarches pour l’obtention de financement pour la reconstruction de l’église », a expliqué le père Joseph Dercieux Désiré en interview exclusive au journal le vendredi 17 janvier au prestataire. Nommé deux mois après la catastrophe, le religieux se souvient avoir débarqué sur un champ de ruines. Tout a été rasé. Le presbytère s’est effondré, dans sa chute, il a tué le prêtre Chéry, curé d’alors et le personnel de l’église. « On a construit le presbytère avec les moyens du bord. On ne s’était pas adressé à la communauté internationale », a fait savoir le père Désiré. Ce n’est qu'en 2017 que les travaux ont démarré. Les fonds commençaient à arriver en 2010 par le truchement de PROCHE-organisme mis en place par la communauté internationale pour la reconstruction des églises détruites par le séisme. Cinq organismes ont mis le parquet, octroyant une somme de 1 million neuf cent mille dollars américains pour l’érection de l’église qui porte le nom de la grand-mère de Jésus. Selon le révérend, la construction respecte les normes parasismiques et anticycloniques. Elle dispose d’une rampe pour les personnes à mobilité réduite. Les vitraux colorés sont déjà installés. L’ambon et l’autel faits de marbre ornent déjà une église non achevée. La nouvelle église dont l’ouvrage est exécuté par le cabinet Lescot, firme haïtienne de construction, disposera d’une capacité de 1 500 places assises. Soulignant que les fonds ont tari, le curé de la paroisse fait appel à la générosité des fidèles en vue d’achever l’érection de l’église. « Nous célébrons le 26 juillet de cette année les 150 ans de notre fondation. Pour que l’église soit apte à accueillir ce grand évènement, nous faisons appel aux généreux donateurs, des bienfaiteurs qui voudraient bien nous donner un coup de pouce pour terminer l’œuvre », a appelé le révérend, ajoutant que le coût des travaux de finition est évalué à 393 000 dollars américains.