Le Nouvelliste
Le Secteur démocratique fixe un délai pour la fin des négociations sur l’après-Jovenel Moïse
Nov. 7, 2019, midnight
Passé samedi midi, il n’y aura plus de discussions entre l’Alternative consensuelle et les autres structures de l’opposition plurielle sur l’après-Jovenel Moïse. C’est ce qu’ont fait savoir ce jeudi en conférence de presse Nenèl Cassy, Saurel Jacinthe et André Michel. Cette déclaration survient la veille d’une rencontre entre ces différentes structures alors que les signaux indiquent que les violons ne s’accordent pas entre les protagonistes. Passerelle, Mache Kontre et consorts reprochent à l’Alternative consensuelle d’afficher une attitude hégémonique. Pour sa part, l’Alternative estime que tous les secteurs n’ont pas le même poids dans la balance. Pour Nenèl Cassy, on ne peut pas s’asseoir sur une table de négociations et ignorer les personnes décédées, hospitalisées ou emprisonnées. « Cette négociation doit se terminer. Elle doit avoir une fin. Nous ne sommes pas dans une négociation sans fin. Elle doit donner un résultat au plus tard samedi midi. Sinon, nous avons affaire à une négociation dilatoire et complice », a-t-il fait savoir. Plus loin, le sénateur des Nippes a souligné que l’Alternative consensuelle n’a pas de juge dans la Cour de cassation. « Nous n’avons pas nommé de juge à la Cour de cassation. Nous ne recherchons pas le pouvoir pour des privilèges. Nous avons besoin de l’espace du pouvoir pour transformer les conditions de vie de la population », a-t-il ajouté. Sorel Jacinthe a renchéri en disant qu’il est temps de cesser les « dilatoires ». « La solution proposée par l’Alternative est claire. Ils ont demandé que l’on corrige quelques aspects. Nous sommes d’accord. Mais cela doit avoir une fin », estime-t-il.Pour sa part, André Michel croit qu’il faut « empêcher le système de récupérer la bataille du peuple ». Pour soutenir ses dires, André Michel a rappelé sa participation aux manifestations pour renverser Aristide en 2004 et le gouvernement de transition de l’après-Aristide. « J’avais commis une erreur en 2003 et 2004. J’ai lutté contre Aristide. Après son départ, certains acteurs du secteur privé et de la société civile ont pris le pouvoir. Ils ont formé un gouvernement dont les membres étaient issus de la société civile et du secteur privé. Ce gouvernement a accordé 20 ans de franchise au secteur privé. Je ne ferai plus jamais cette bataille. Je ne vais pas mener une bataille pour renforcer le secteur privé. Le peuple ne va pas laisser l’oligarchie prendre le contrôle de la bataille. Dis-leur que nous nous opposerons à ce projet. On ne va pas lutter pour renverser Jovenel Moïse sans rompre avec le système. Si nous permettons à ces gens de prendre le contrôle de la transition, il n’y aura pas de changement de système. Jovenel Moïse n’est pas l’unique pion du système. Le système dispose d'autres pions dans les partis politiques, le secteur privé, la société civile, entre autres. Le peuple perd la bataille si c’est la bourgeoisie qui va contrôler la transition. Il y a deux choses que nous ne ferons pas. Nous n’allons jamais cohabiter avec Jovenel Moïse. Nous ne permettrons pas à l’oligarchie de récupérer la bataille du peuple », a-t-il expliqué. Par ailleurs, les membres du Secteur démocratique ont annoncé une manifestation ce dimanche pour continuer d’exiger le départ de Jovenel Moïse. Ils invitent tous les secteurs organisés du pays à participer à cette journée de mobilisation. « La manifestation aura plusieurs points de rassemblement, notamment à Bel-Air, au carrefour de l’aéroport, au carrefour Péan ... Nous allons nous rendre devant la direction générale de la PNH avant de descendre au centre-ville, devant le palais national », a annoncé André Michel.