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Le Nouvelliste

En pleine crise du coronavirus, Washington prévoit des sanctions contre n'importe quel État portant préjudice à Taïwan 

April 6, 2020, midnight

Une loi récemment promulguée par le président américain Donald Trump permettra désormais à Washington de recourir à des sanctions contre n'importe quel pays qui s'en prendrait à la souveraineté de Taïwan, annonce le média officiel taiwanais Taïwan Info. La loi sur l’Initiative de protection internationale et de renforcement des alliés de Taïwan (Taipei Act) de 2019, promulguée le 26 mars, demande aux États-Unis de modifier leur engagement économique, sécuritaire et diplomatique avec les États dont les actions d’importance nuiraient à la sécurité ou à la prospérité de Taïwan.  Elle encourage en revanche l’accroissement des échanges avec les États ayant renforcé, amélioré ou rehaussé leurs liens avec Taïwan de manière démontrable. Destinée à soutenir la présence internationale de Taïwan, la loi prévoit que les États-Unis « soutiennent Taïwan dans le renforcement de ses relations diplomatiques officielles ainsi que des autres partenariats avec des pays de la région Indopacifique et du monde entier ».  Selon Taiwan Info, la présidente Tsai Ing-wen y a vu « un témoignage de l’amitié et du soutien mutuel Taïwan-États-unis alors que nous travaillons ensemble à faire face aux menaces globales pesant sur la santé humaine et sur nos valeurs démocratiques partagées ». Avec la promulgation de cette loi, Washington rend beaucoup plus étroit son soutien à Taïwan, dont la manifestation de solidarité la plus médiatisée a eu lieu en juin 2018 lorsque les États-Unis ont ouvert un nouveau complexe pour abriter leur ambassade de facto à Taipei, qui fait trois fois la taille du bâtiment d'origine.  À n'en pas douter, cette loi inaugure une autre ligne de fracture dans les relations entre Washington et Pékin. Outre l'accroissement des tensions entre la Chine et Taïwan, l'administration Trump était déjà en désaccord avec la Chine sur le commerce, la Corée du Nord et la mer de Chine méridionale.   Déposé par le sénateur Cory Gardner, le texte défend la participation de Taïwan sous le statut d’observateur aux organisations internationales. Il enjoint les dirigeants et représentants américains d’user de leur influence pour atteindre cet objectif. Il a été adopté à l’unanimité par le Sénat le 11 mars, une semaine après un vote en sa faveur par 415 voix contre zéro à la Chambre des représentants, où il avait été déposé par John Curtis.   Selon le texte, Taïwan et les États-unis disposent d’un puissant partenariat économique, les États-unis étant le deuxième partenaire commercial de Taïwan et Taïwan, le 11e partenaire commercial des États-unis. Cette relation saine continue de créer des emplois et des opportunités commerciales pour les peuples de part et d’autre, est-il précisé.   Le ministère des Affaires étrangères, à Taipei, a remercié le gouvernement et le Congrès américains pour leur soutien unanime à la préservation de l’espace diplomatique de Taïwan, à sa participation internationale, et à l’approfondissement des relations économiques, commerciales et sécuritaires entre Taïwan et les États-unis.   Soulignant l’étroitesse des relations avec Washington, le ministère s’est dit disposé à travailler avec les États-Unis et des pays ayant des vues similaires pour promouvoir la liberté et les valeurs démocratiques, et pour continuer à lutter en vue d'élargir l’espace international de Taiwan. La pression de Pékin pour isoler Taïwan sur la scène internationale s'est accélérée ces dernières années, en réduisant comme peau de chagrin le nombre d'alliés diplomatiques de l'île autonome. Taïwan dénonce la « diplomatie du dollar » mise en place par Pékin, incitant les pays à rompre leurs relations diplomatiques avec lui au moyen de l'argent ou d'autres incitations. Les démonstrations de force des militaires chinois dans le détroit de Taïwan, l'étroite bande d'eau qui les sépare, deviennent également plus courantes. Sans oublier que la Chine a également empêché Taïwan de participer, même en tant qu'observateur, à la réunion annuelle de l'organe de décision de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) durant deux années consécutives.