Le Nouvelliste
Inhumation de ces bébés que le pays n’a pas su protéger…
Aug. 27, 2020, midnight
Les images de la vidéo filmée par un téléphone tremblent. Au fond d’un caisson en bois, la dépouille de Godson Joseph, quatre mois, est posée sur un petit lit fait de draps de bébé. Un homme, soigneusement, retourne sur le ventre le nourrisson tué par balle par les bandits du gang 400 Mawozo, non loin de Ganthier, début août. « Va chercher celui qui t'a fait ça, mon frère », dit l'homme alors qu’une douloureuse complainte s’élève. « Regarde mon enfant. Regarde mon enfant », répète en sanglots une femme. Sans tambour ni trompette, le petit caisson en bois est transporté par deux hommes vers une petite fosse creusée à l’arrière de la maison de la mère, Jessica Gervais, quelque part à Croix-des-Bouquets. « Je l’ai enterré le mardi 24 août dans une boite, comme une boite d’hareng saur », soupire la mère, interrogée par Le Nouvelliste, mardi 25 août 2020. « Ce n’était pas un enterrement. Je l’ai enterré à l’arrière de la maison. Bébé n’était pas encore baptisé », dit simplement Jessica Gervais. L’autre nourrisson, Merrydjuna Fleurimont, 8 mois, tuée par balle à Norway, Cité Soleil, le 12 juillet, à Cité Soleil, a été inhumée au cimetière de Drouillard le 15 août. « Pour des raisons de sécurité, tout s’est passé en stricte intimité, entre des membres de la famille. Les funérailles ont été chantées au salon funéraire avant l’inhumation à Drouillard », confie Junior Fleurimont, le père de l’enfant. Junior Fleurimont explique « s’être mis à couvert parce qu’il est recherché par les hommes du chef de gang Iscart», a partagé des photos avec Le Nouvelliste. Sur ces photos, on voit l’enfant, le teint foncé dans une robe blanche de princesse. Le porte-parole adjoint de la police nationale, Garry Desrosiers, interrogé jeudi 27 août, souligne que la police travaille sur les deux dossiers. 11 suspects, dont le nommé Izo du gang des 400 Mawozo, ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête sur le dossier de Godson Joseph, dit-il. La police judiciaire avait reçu la plainte du père et de la mère d’un enfant blessé lorsque Merrydjuna Fleurimont, 8 mois, avait été atteinte mortellement par un sniper en embuscade dans une position en hauteur occupée par des hommes du chef de gang dénommé Iscar, avait dénoncé Lenèse Léo, la mère du nourrisson. La balle a perforé l’oreille droite, sectionné sa langue et fait explosé la joue gauche de l’enfant. La publication des photos de ces deux nourrissons fauchés par les balles des bandits avaient suscité un émoi qui est vite retombé. Seuls, leurs parents vivent avec le poids de ces disparitions, avec ces blessures et le vide laissé par ces anges que le pays n’a pas su protéger…