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Le Nouvelliste

Une aérogare en activité, source de conflits aux Gonaïves

Nov. 29, 2019, midnight

C’est à Savane de l’espoir, communément appelée “Savann dezole’’, située à l’entrée sud de la ville des Gonaïves, que se trouve cette piste de transport aérien desservant, en guise d'alternative, tous ceux qui sont dans l’incapacité de circuler sur la route nationale no 1, depuis l’aggravation de la crise, en raison des problèmes enregistrés à cause des barricades érigées et contrôlées par des individus armés. Depuis cette période, la piste accueille, quasi quotidiennement, une quarantaine de voyageurs faisant des « aller-retour » notamment entre Port-au-Prince et la Cité de l’Indépendance, à raison de cinq ou six vols aériens entre 7h du matin et 5h de l’après-midi, en présence d'agents de la Police nationale d’Haïti (PNH), selon ce qu’a confirmé Michel Morisset, principal responsable de la mission qui, précise-t-il, offre la piste de manière gratuite aux compagnies aériennes.   Interpellé par la situation, le premier citoyen de la commune, Neil Latortue, a dit apprendre avec « stupéfaction qu’un trafic aérien par avion reliant la capitale à la ville des Gonaïves est inauguré sous son haut patronage sans l’autorisation de l’autorité compétente ». La lettre soutient que la mairie ne saurait « admettre la violation des lois et des décrets en vigueur et un agissement en méconnaissance des autorités régulières du service de transport dans la commune ». « L’institution municipale des Gonaïves vous enjoint, en tant que responsable du trafic aérien Port-au-Prince-Gonaïves, de vous conformer, dans un délai de deux jours francs, à partir de la date de la présente, aux dispositions légales et aux principes administratifs. Dans le cas de non-respect du délai imparti pour que la compagnie faisant le trafic  aérien Gonaïves-Port-au-Prince se conforme aux principes régissant la matière, la mairie des Gonaïves prendra à l’encontre de la compagnie, considérée comme illégale, les mesures que de droit », peut-on y lire.  Pour répondre au tollé que déclenche la réaction du cartel municipal dans la commune, le maire Neil Latortue précise qu’il n’entend pas interdire le fonctionnement de la piste. Il s’agit surtout d’une injonction faite à la Mission Eben-Ezer de présenter les documents autorisant ses services dans ce secteur dit « sensible ». « Nous avons soumis les dispositions légales nous permettant d’intervenir. En tant qu’autorité, nous avons pris nos responsabilités. Nous allons nous asseoir avec la police pour adopter les mesures nécessaires.  Il n’y a rien de personnel. Il ne s’agit nullement d’un boycottage, contrairement à ce que veulent faire croire certains. Nous sommes là pour encourager, au contraire, tout ce qui va dans l’intérêt de la commune. Si jamais survient un problème, le maire de la ville sera interrogé… », indique Latortue.  « La Mission Eben-Ezer  fonctionne en toute légalité », garantit le révérend Michel Morisset Le président de la Mission Eben-Ezer aux Gonaïves insiste sur l'aspect légal de cette initiative. « Nous avons obtenu l’autorisation des instances étatiques pour toutes les activités entreprises dans la commune », explique le responsable, arguant que la mission offre la piste gratuitement aux propriétaires des compagnies. « C’est un service que nous rendons », déclare-t-il. Michel Morisset, notable de la ville, révèle qu’ils ne sont pas à leur coup d’essai. Le premier vol a eu lieu en 1997 sur cette piste pourtant inaugurée en 2004 en présence des représentants de toutes les institutions étatiques. Dès lors, plusieurs compagnies de voyages ont assuré le transport aérien, que ce soit à Port-au-Prince ou en République dominicaine. La mission fonctionne aussi avec son propre avion pour aider les gens en fonction de leur nécessité ou urgence », révèle-t-il. Depuis la paralysie de la circulation sur la route nationale no 1, où des individus dressent des barricades et commettent des exactions sur des usagers, la piste arrive à procéder à l’évacuation d’une quarantaine de passagers par jour, explique le responsable, ajoutant que le transport aérien était le seul moyen utilisé par des commerçants, autorités, citoyens de la diaspora et le citoyen ordinaire, vu leurs besoins, pour se rendre à la capitale ou aller aux Gonaïves. Michel Morisset confirme que cinq lignes aériennes les ont rejoints depuis des mois, dans le cadre de cette activité. Intéressé également par le dossier, le chef du parquet des Gonaïves,  Sérard Gasius, voulant une gestion de cette affaire à l’amiable, affirme prendre contact avec le responsable de la mission pour s’assurer que toutes les conditions sont réunies dans le cadre de ce transport. Pour lui, les conditions de sécurité et de travail doivent être réunies. « Bien que l’aérogare soit une nécessité pour la ville des Gonaïves, il faut qu'elle respecte les normes établies…», avance le commissaire du gouvernement qui dit craindre une chasse aux sorcières dans le cadre du dossier.