Le Nouvelliste
Joseph Lambert prône un dialogue et un accord politique pour un retour à l’État de droit
Sept. 28, 2020, midnight
Le sénateur du Sud-Est, Joseph Lambert, sort de son silence. Le parlementaire a livré sa position alors que le président de la République avance dans son projet de doter le pays d’une nouvelle Constitution et d’organiser des élections municipales, législatives et présidentielle. Il juge impossible le mandat confié au CEP formé par Jovenel Moïse. Selon Lambert, « depuis le deuxième lundi du mois de janvier 2020, Haïti a rompu d'avec l’ordre constitutionnel et démocratique ». « Toutes les considérations s’accordent à reconnaitre que cette rupture constitue un coup sévère à la jeune démocratie haïtienne, cette structure inachevée qui appelle au combat permanent , à l’implication de plus en plus d’hommes et de femmes capables de réfléchir sur la logique de nos contrariétés et d’envisager l’opportunité d’un retour à l’État de droit », constate le sénateur. L’ancien président du Sénat estime qu’Haïti est dans l’impasse. Selon le parlementaire, la République est orpheline de son Parlement dont il ne reste que le tiers du Sénat encore dressé dans sa légitimité. « Dans l’état actuel des choses, tout gouvernement haïtien est réputé illégitime, isolé, sans rapport avec les autres branches de l’État et ses actes ne font l’objet d’aucun contrôle », soutient-il. Plus loin, Joseph Lambert croit qu’il est urgent pour l’État de retrouver sa composition et de recouvrer son autorité à travers les institutions prévues par le législateur. « Il y va de l’intérêt général que, leçon apprise, les acteurs évitent de répéter l’échec et qu’ils choisissent l’option des actions pensées pour le bien-être collectif, sans empressement, ni légèreté. Le seul moyen de réparer cette érosion de légitimité qui fracasse l’État réside dans la réalisation des élections crédibles qui renouvellent le personnel politique », fait-il savoir. Le parlementaire a également commenté la formation du Conseil électoral provisoire par le président Jovenel Moïse. « Le chef de l’État a tort de confectionner, de cette manière, un Conseil électoral provisoire auquel il a confié un mandat impossible. C’est avec raison que de très nombreuses organisations et personnalités s’insurgent contre cette initiative qui, heureusement, n’a pas été accueillie par la Cour de cassation de la République », estime-t-il. Joseph Lambert a plaidé pour un dialogue et un accord politique pour sortir de la crise. « Le dialogue est incontournable, même s’il est très tard, même si les contradictions sont profondes. Seul un accord politique, de bonne foi, entre le pouvoir exécutif, le Sénat de la République, l’opposition et la société civile pourra permettre la mise en place des mécanismes utiles au retour nécessaire à l’État de droit », croit-il.