Le Nouvelliste
USGPN, Coronavirus
March 16, 2020, midnight
Des professeurs tabassés, des balles tirées à hauteur d’homme. Des agents de l’USGPN ont encore frappé. L’USGPN peut être l’unité de la police nationale qui symbolise le plus le retour au passé. Manifestants (à noter que les violences perpétrées devant l’Ecole Normale Supérieure par les agents du corps n’ont pas été provoquées par une manifestation), étudiants, passants… ce sont des « civils », et dans la bonne vieille tradition des pratiques répressives, lorsque l’on porte une arme et un uniforme, le « civil » c’est l’ennemi. Ce n’est pas étonnant que ce soit le corps affecté à la protection de la résidence officielle du « chef » et de sa personne qui s’illustre le plus par les dérives répressives. Celui qui sert le « chef » peut faire n’importe quoi. Le droit, la loi, le simple bon sens, toutes ces choses ordinaires ne le concernent pas. Le serviteur du « chef » n’a pas de comptes à rendre. Lui demander des comptes, c’est demander des comptes au « chef ». Le bon docteur François Duvalier ne disait-il pas que « tout milicien est mineur » ! Et demander des comptes à un milicien, c’était donc demander des comptes au « pater familias ». Le gros de l’effectif de la police nationale a beau travailler dans des conditions abominables, les protecteurs-protégés du chef ont le privilège de l’arbitraire. La Chine et Cuba semblent mieux s’en sotir que beaucoup d’autres dans la lutte contre le coronavirus. Cela fait mourir de rage une partie de la presse occidentale souffrant d’anticommunisme primaire. Un mètre de distance, on voit mal comment une telle consigne peut être appliquée das les cités et les bidonvilles. Le monopole de la bêtise dûe à la peur n’appartient pas aux peuples dits sous-développés ou en voie de développement. Préjugés, xénophobie, mysticisme primaire, ce qu’on a pu entendre d’âneries et voir d’étranges accoutrements chez les donneurs de leçons occidentaux auxquels il est quand même nécessaire de rappeler que l’autre « n’est pas un virus ». En matière d’âneries nous n’avons pourtant rien à envier à qui que ce soit. Qui n’a pas vu la vidéo de « pasteur-prophète » frottant le même mouchoir contre les visages des membres de l’assistance, adultes et enfants, lors d’un « jeûne », lequel mouchoir où se mêlent toutes les sueurs devant les protéger du coronavirus. Jusqu’ici le danger nous a épargnés, mais imaginons la catastrophe de tels comportements et discours en cas d’épidémie. Comment l’Etat peut-il tolérer cela quand il s’agit de problèmes de santé publique ? Et comment le protestantisme, sans offense aux honorables pasteurs du culte, a-t-il pu produire ici tant d’avatars nauséabonds ? En additionnant dérive totalitaire, risque d’épidémie, culte de la peur, préjugés, ignorance, cupidité, criminalité galopante, ce n’est pas seulement pour notre santé qu’il nous faut s’inquiéter, mais aussi pour nos droit et notre intelligence.