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Le Nouvelliste

Kidnapping : l’arme fatale

Feb. 13, 2020, midnight

Comme si la population haïtienne n’était pas au bout de ses peines, de ses misères, désormais, elle vit une épreuve plus grande : la peur d’être touchée par l’arme fatale du kidnapping. Elle est aveugle, personne n’est à l’abri. Elle court les rues, aucun espace n’est exempt. Elle devient banale, chaque jour une famille ou dix peuvent être touchées. Elle s’impose comme une fatalité, puisque les autorités actuelles ne semblent pas s’en inquiéter. Elle est nuisible, funeste, mortelle, puisqu’elle empoisonne la vie de toute une population, et, pour cause, constitue un problème majeur de santé publique, représente le plus grand danger pour la vie en Haïti. Le cri étouffé des personnes kidnappées qui parvient, jusqu’à nous, à partir de sources familiales ou de plaintes sur les réseaux sociaux, nous conforte à l’idée que la crédibilité des institutions étatiques est à son niveau le plus bas, et que la population haïtienne n’a point aucune confiance en ses responsables. Ce cri cache la peur des enfants et adolescents de prendre le chemin de l’École. Il masque la souffrance des jeunes filles et garçons vivant dans l’épouvante d’être, à leur tour, kidnappés, violés, blessés dans leur dignité de personne humaine, de citoyennes et de citoyens qui n’aspirent qu’à vivre chez eux. Ce cri étouffé des personnes kidnappées transmet la peine, l’inquiétude de familles, de parents impuissants face à pareille catastrophe humaine qui engloutit, dévore, dilapide, gaspille l’avenir de leurs progénitures. L’arme fatale du kidnapping cause une perte, plus grande que la mort physique, celle de l’âme et de l’esprit… Désormais, dans ce pays, on ne vit plus sa vie de tous les jours, et, le comble, dans l’indifférence, dans l’insouciance, presque totale, des responsables de l’État. On vivote, on pousse l’énergie du désespoir, on active l’instinct de survie, comme les passagers d’un Titanic qui coule, lentement mais inéluctablement. On attend, impassiblement, pour qui va sonner le glas. Citoyennes et citoyens, nationaux, démocrates, progressistes, Haïtiennes et Haïtiens, de bonne volonté et de bon commerce : « Réveillez-vous » ! Soyez des guerriers de lumière, en prenant votre destin en main. L’arme fatale du kidnapping détient cette maléfique puissance d’affecter, directement, celles et ceux qu’elle frappe, et de faire, par ricochet, de toutes celles et ceux qui y sont, potentiellement, exposés, des victimes. Nous pensons aux torts psychologiques, souvent irréparables, faits aux personnes ayant subi un si grand traumatisme. Nous pensons à la détresse des proches parents qui sont contraints de tenir le rôle délicat de négociateurs, en dépit de leur souffrance. Nous compatissons à la misère de ces parents qui doivent réunir une rançon – une somme dont ils ne disposent pas pour assurer leur vie entière.  Nous pensons à leur angoisse de devoir payer la rançon, sans avoir la garantie que le/la kidnappé(e) aura la vie sauve. Également, nous pensons à la charge psychosociale de cette arme fatale du kidnapping qui paralyse toutes les activités économiques, détruise le lien social, des facteurs indispensables à la vie nationale.  Ainsi, nous déplorons et condamnons énergiquement que cette situation d’insécurité ne constitue pas une urgence nationale pour les autorités actuelles ; alors que certains barrons sont soupçonnés d’implication dans des cas de kidnapping ; alors que le kidnapping est soupçonné d’être utilisé comme une stratégie ou une arme politique ; alors que les gangs armés, les «bandits légaux» défendent leur position, même, étendent leur territoire, à chaque jour. Alors que la population, fraîchement sortie des rudes épreuves et calamités du pays <<lòk>>, semblait pousser un petit cri de joie, un petit ouf de soulagement, et aspirait, ainsi, à une certaine reprise normale de la vie quotidienne… Comment comprendre que les autorités policières du pays, sans  honte, sans gêne, puissent faire autant que la population, en désertant des zones, de plus en plus diverses,  du pays, devenues à haut risque? Si elles n’avouent pas leur impuissance, leur incompétence, les autorités actuelles font preuve de leur irresponsabilité et doivent être accusées de non-assistance à population en danger.   Nous du Rassemblement des démocrates, nationaux, progressistes (RDNP) ne croyons en aucune fatalité et avons la ferme conviction que la survie ou l’effondrement du pays dépendra uniquement de la volonté, de l’engagement de ses citoyennes et citoyens ou bien de leur apathie, de leur indifférence, et, en particulier, de l’action ou de l’inaction de ses dirigeants.  Les gouvernants changent, passent et doivent, être remplacés. Par contre, les gouvernés sont condamnés à se rassembler pour assurer leur survie, forger leur destin commun, travailler à leur bien-être collectif, défendre leurs intérêts communs… Pour l‘avenir de vos enfants, de notre jeunesse, donc, de notre pays, le RDNP, vous invite à faire le choix de dirigeants responsables, compétents, décidés de suivre la direction du chemin et des chantiers de l’espérance. Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale. Met men, pran desten nou an men.           Éric Jean-Baptiste Secrétaire général du RDNP