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Le Nouvelliste

Covid-19 : des audiences spéciales à l’horizon pour libérer des détenus

March 30, 2020, midnight

Une commission composée du parquet de Port-au-Prince, de l’Office de la protection du citoyen, du BINUH, d’organismes de droits humains, du barreau de Port-au-Prince et du Bureau d’assistance légale a été formée afin de lutter contre la propagation du coronavirus dans le milieu carcéral. Dans le cadre de cette lutte, les autorités concernées entendent libérer un ensemble de détenus afin de réduire la surpopulation carcérale, dont le nombre s’élève à onze mille cent trois. 11 critères définis notamment par le ministère de la Justice devraient guider ces instances qui auront à sélectionner les détenus à juger. Selon le commissaire du gouvernement Jacques Lafontant, d’ici le 19 avril, la liste des prisonniers sélectionnés doit être acheminée au ministre de la Justice. Pour chaque catégorie, des audiences spéciales en matière correctionnelle et criminelle seront ensuite réalisées pour libérer les détenus pouvant bénéficier de cette grâce. Selon le substitut commissaire du gouvernement, Yvenne Tibeau, chargé de la détention, les critères portent sur l’âge des détenus et de leur comorbidité grave. En ce sens, les prisonniers âgés de 65 ans et plus, ainsi que ceux qui souffrent déjà de pneumonie, de tuberculose, d’insuffisance rénale, d’asthme et les diabètes jouiront d'une considération spéciale. Ceux qui sont en attente de jugement au correctionnel et au criminel mais qui ont déjà purgé un nombre d’années équivalent à leur probable peine figureront sur cette liste ainsi que les condamnés dont la détention excède la nature des peines. Les prisonniers dont les suivis des dossiers n’ont pas été assurés pendant longtemps, a enchainé Me Tibeau, pourront éventuellement bénéficier de cette mesure. Les évadés de prison jouiront de cette circonstance spéciale provoquée par la crise du coronavirus. En ce qui concerne les inculpés dont les dossiers sont devant des juges d’instruction depuis des années, ils seront provisoirement libérés d’après le substitut commissaire du gouvernement. Toutefois ceux qui avaient commis un délit seront relâchés. En outre, les responsables du parquet de Port-au-Prince assurent que l’ivraie ne filera entre les grains. « Ce n’est pas un boulevard que nous accordons. Il y a des restrictions dans ce projet de désengorgement. Il ne s’agit pas d’extraction », a précisé Me Jacques Lafontant. À en croire son substitut Yvenne Tibeau, les détenus coupables ou suspectés de kidnapping, d’enlèvement contre-rançon, de meurtre, de vol à main armé de trafic illicite de stupéfiants et de viol ne seront pas relâchés. Même quand ces derniers auraient purgé plus de la moitié de leur peine, ils ne seront pas mis en liberté. À noter que le lundi 23 mars 2020, le Bureau de droits humains en Haïti a déposé une requête au tribunal de première instance de Port-au-Prince pour recommander aux autorités compétentes de se pencher sur le cas de 23 prisonniers en détention préventive prolongée. Face au risque d’expansion du Covid-19 même dans le milieu carcéral, le bureau a sensibilisé le décanat et le parquet près ledit tribunal à l’importance des mesures préventives visant à garantir les droits à la vie et à l’alimentation des prisonniers.