Le Nouvelliste
En 12 mois, l’ONI a distribué 1.1 million de cartes sur plus de 7 millions d’Haïtiens en âge de voter
June 23, 2020, midnight
Du mois d’avril 2019 au 22 mai 2020, l’Office national d’identification (ONI) a enregistré 2.2 millions de personnes et distribué uniquement 1.1 million de cartes sur une population d’environ 7 millions de personnes en âge de voter. Si l’ONI veut respecter le décret sur la Carte d’identification nationale, il devra battre un record en distribuant environ 6 millions de cartes en moins de 120 jours… « Au 22 mai, l’Office national d’identification avait enregistré quelque 2,1 millions de citoyennes et citoyens sur un total estimé à 6,8 millions d’Haïtiens en âge de voter et distribué 1,1 million de nouvelles cartes d’identité biométriques, qui sont essentielles aux fins des modalités d’identification des électeurs », lit-on dans le rapport du secrétaire général de l’ONU devant le Conseil de sécurité le 15 juin dernier. Selon ce rapport, « les progrès vers le remaniement du registre électoral qui sera désormais établi à partir des demandes de nouvelles cartes d’identité biométriques déposées par les citoyennes et citoyens ont été ralentis après l’annonce de l’état d’urgence. Les nombreuses critiques circulant sur les médias sociaux au sujet de la taille des foules rassemblées devant l’Office national d’identification à Port-au-Prince ont conduit à l’adoption de mesures supplémentaires de maîtrise des foules, qui ont également amélioré les directives relatives à la distanciation physique. » Si l’Office national d’identification veut respecter les dispositions de l’article 25 du décret sur la Carte d’identification nationale, il dispose de moins de 120 jours pour faire un miracle en distribuant des cartes à environ 6 millions de personnes. Le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RDNND), qui avait sorti un rapport sur l’Office national d’identification, a fait savoir au Nouvelliste que l’ONI a commencé le processus d’enregistrement et de production de cartes en avril 2019. Selon Pierre Espérance, il n’y a même pas un million de cartes produites sur une population de 7.5 millions de personnes en âge de voter. Il a souligné que même après avoir enregistré des gens et fabriqué les cartes, l’ONI est dans l’incapacité de les distribuer. « Avec la lenteur qu’il y a dans le système, l’ONI aura besoin au moins de trois ans pour livrer les cartes manquantes », a-t-il dit au journal. « Si en 12 mois l’ONI dit avoir produit 2 millions de cartes, comment va-t-il produire six millions de cartes en 4 mois? », se questionne perplexe Pierre Espérance. Selon le sénateur Youri Latortue, il est impossible que l’ONI fasse en moins de 120 jours cinq fois plus ce qu’il a fait en 12 mois. « Il y a 7.5 millions d’Haïtiens en âge de voter, l’ONI dit avoir déjà produit 2.7 millions de cartes et distribué 1.1 million. En moins de 120 jours, l’ONI ne pourra ni enregistrer ni délivrer même la moitié des cartes restantes », a affirmé Youri Latortue, qui avait dénoncé le contrat de Dermalog dans la fabrication des cartes d’identification nationale. « Après l’enregistrement, les machines ont une capacité de production de 35 000 cartes par semaine, soit environ 140 000 par mois et environ 1.6 million par année. Pas avant trois ans, l’ONI ne pourra ni enregistrer ni distribuer cinq millions de cartes… », a affirmé le sénateur de l’Artibonite dans une interview accordée mardi au Nouvelliste. Le journal a tenté en vain d’entrer en contact avec le directeur général de l’ONI, Jacques Elibert, pour savoir si l’institution qu’il dirige est dans le délai par rapport à la quantité de cartes à distribuer dans moins de 120 jours. Selon le décret sur le Numéro d’identification nationale unique et la Carte d’identification nationale, à partir du 16 octobre prochain, celui qui sera surpris sans la carte d’identification nationale émise conformément aux dispositions du présent décret ou sans passeport en cours de validité est passible d’une amende équivalant à cinq pour cent (5%) de son revenu mensuel ou du salaire minimum mensuel, s’il est sans emploi, sur procès-verbal dressé par un officier de police, prononcée séance tenante et toutes affaires cessantes par le tribunal compétent.