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Le Nouvelliste

En perte d’alliés, Taïwan peut encore compter sur l’appui d’Haïti

Sept. 20, 2019, midnight

Taïwan a annoncé tour à tour, les 16 et 20 septembre, la rupture des relations diplomatiques avec les îles Salomon et les Kiribati, État insulaire du Pacifique, qui ont décidé de se tourner vers la Chine. En incluant Haïti, Taiwan dispose désormais de 15 alliés mais ne compte pas pour autant capituler face à la Chine. En voyage à Washington D.C., le ministre Bocchit Edmond a fait savoir à Le Nouvelliste qu’Haïti est en train de renforcer ses liens de coopération avec Taïwan. « Nous encourageons tout simplement Taïwan à être plus agressif dans les relations bilatérales dans le domaine de l’investissement », a-t-il affirmé. À la 74e session de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, le président Jovenel Moïse, qui prendra la parole à la tribune des Nations unies le jeudi 26 septembre dans la matinée, devra réaffirmer le soutien d’Haïti à Taïwan. En effet, le 18 septembre dernier, le ministère taïwanais des Affaires étrangères, à Taipei, Joseph Wu, a exprimé sa sincère gratitude envers les alliés diplomatiques ayant écrit au secrétaire général des Nations unies, António Guterres, pour lui faire part de leur soutien à la participation de Taiwan aux Nations unies. Le Belize, Eswatini, Haïti, les îles Marshall, Nauru, les Palaos, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et les Tuvalu ont adressé au secrétaire général un courrier commun, alors que le Honduras et le Paraguay lui ont écrit individuellement. La lettre commune a été remise au cabinet du secrétaire général le jour de l’ouverture de la 74e session de l’Assemblée générale par les représentants du Belize, d’Eswatini, des îles Marshall, de Nauru, des Palaos, de Saint-Christophe-et-Niévès, de Sainte-Lucie, des Tuvalu, et également du Saint-Siège. « Au cours des dernières années, la Chine a continuellement usé de pressions financières et politiques pour limiter l’espace international de Taiwan. Nous avons répondu à ces actions en les condamnant de la manière la plus ferme, en ce qu’elles sont non seulement une menace pour Taiwan mais aussi un véritable défi à l’ordre international », a rappelé la présidente de la République de Taïwan, Tsai Ing-wen. Dans sa politique internationale visant à isoler Taïwan de ses alliés diplomatiques dans les Caraïbes, Pékin a les yeux rivés sur Haïti dans la mesure où la nation caribéenne est l'un des 15 pays qui entretiennent encore des relations diplomatiques avec cette île autonome. Depuis 2016, suite à la campagne de trois ans menée par Pékin pour attirer les alliés de Taipei, cinq nations ont changé d'allégeance. Dans une interview accordée à Le Nouvelliste, Wang Xiangyang, chef du bureau de la Chine pour le développement commercial en Haïti, a récemment fait part ouvertement des intentions de Pékin vis-à-vis d’Haïti. « Si le gouvernement haïtien peut appliquer le principe d'une seule Chine, le gouvernement chinois souhaite établir des liens normaux d'un pays à l'autre avec Haïti et renforcer la coopération dans les domaines politique, économique et commercial, l'hygiène publique et l'éducation », a-t-il déclaré précisant que la Chine peut également fournir à Haïti des prêts sans intérêt et à des conditions favorables.