Le Nouvelliste
Quand la pénurie de carburant éclipse la rentrée scolaire
Sept. 9, 2019, midnight
L’entassement des engins à moteur dans les stations d'ssence alimente les embouteillages la veille de la rentrée scolaire 2019/2020. La rentrée scolaire de ce lundi 9 septembre est marquée par l’attroupement des chauffeurs de véhicules aux abords des stations d'essence entraînant la paralysie de la circulation. Que ce soit sur la Grand-Rue au Portail Léogâne, comme à la rue Magloire Ambroise ou encore à la rue Oswald Durand aux abords du stade Sylvio Cator, le spectacle était le même. Des individus, gallon en main près des pompes à essence, des chauffeurs perchés sur leurs taxis-motos, d’autres accrochés à leur volant dans des lignes désespérantes. Chacun espère, même à la tombée de la nuit, rentrer à la maison avec le précieux liquide. « Puisque les autorités ont fixé pour aujourd’hui la rentrée scolaire, elles devraient penser à alimenter les stations d’essence depuis le week-end écoulé en vue de faciliter les parents à emmener leurs enfants à l’école. Depuis deux heures, je suis coincé ici. Ma fille m’appelle pour venir la chercher. Je ne peux ni m'approvisionne ni sortir pour aller la chercher jusqu'à ce que la circulation soit dégagée », confie au journal un chauffeur de taxi indigné du comportement des autorités qui, selon lui, ne font rien pour accompagner la population. Ce père de famille ignore quel prix payer pour obtenir de l’essence malgré ses pérégrinations. « J’ai été au Canapé-vert, à Carrefour Petit-Four, à Turgeau, c’est la même situation. Averti par un ami, voilà que je suis arrivé ici. Le camion d’essence venait à peine de faire une livraison. Nous attendons depuis. Et voilà que maintenant on interrompt la distribution », raconte-t-il d'une voix pâle, attendant dans la file des voitures qui longe la station d'essence à la rue Oswald Durand. Sans la moindre lueur d’espoir, ce chauffeur en provenance de Carrefour affirme qu’il va garer sa voiture au centre-ville pour rentrer chez lui. Critiquant le comportement des chauffeurs de taxis-motos qui ont droit à des traitements de faveur même quand ils se battent entre eux pour passer en premier, ce dernier dit refuser de se munir de gallon pour aller quérir de l’essence pour sa voiture. Pas trop loin, une commerçante au volant de sa voiture déplore l’absence des autorités qui ne font rien pour aider la population qui ne demande que le minimum. « Je suis diabétique, je suis obligée de consommer beaucoup d’eau pour ne pas être déshydratée. Après plus de deux heures d’attente, voilà que je n’ai pas reçu la moindre goutte d’essence », lâche cette quadragénaire qui condamne la passivité des autorités face aux cris de la population. Cette résidente de Carrefour-Feuilles annonce déjà qu’elle va fermer sa boutique le lendemain, se retrouvant dans l’incapacité d’alimenter sa génératrice ainsi que son véhicule. « Un proche m’a aidé à me tirer d’affaire et m’a permis de recharger pour 250 gourdes d’essence après plus de deux heures d’attente », confie William, un chauffeur de taxi-moto, soulagé de rentrer chez lui avec un peu d’essence. Ce jeune conducteur dit cependant s’inquiéter du trajet à sa disposition. Il est six heures du soir lorsque des véhicules attendent encore la manne à la station d’essence de la rue Oswald Durand. Des taxis-motos font la navette. Les piétons, eux, doivent se faufiler soit entre les voitures garées au beau milieu de la rue Charéron, soit dans l'étroit couloir laissé par un bus garé tout près du trottoir. À quelques heures du match retour de la Ligue des nations opposant la sélection haïtienne de football à la sélection curaçaolaise, comment sera la circulation aux abords du stade Sylvio Cator, à la rue Oswald Durand où se trouve cette station d'essence ?