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Le Nouvelliste

Le président de la Fédération haïtienne de football accusé d'avoir abusé sexuellement de jeunes footballeuses

May 4, 2020, midnight

Yves Jean-Bart, dit «Dadou», président de la Fédération haïtienne de football (FHF) depuis 2000, a nié les accusations selon lesquelles il aurait contraint plusieurs joueuses du centre technique national de Croix-des-Bouquets à avoir des relations sexuelles avec lui. Les incidents allégués se seraient produits au cours des cinq dernières années. Les plaintes ont été déposées auprès du Guardian par de nombreuses sources impliquées dans le centre, notamment des victimes présumées et leurs familles. «Une dame qui travaille là-bas exerce des pressions sur les filles pour avoir des relations sexuelles avec Dadou », a déclaré une victime présumée au Guardian. «Chaque fois qu'il voit une jolie fille attirante, il envoie la dame lui dire qu'elle va être jetée hors du centre. Elle se met à pleurer, puis la dame lui dit « La seule façon de résoudre ce problème est de parler à Dadou. À ce moment, la jeune fille n'a d'autre choix que de supporter les abus sexuels de ce dernier ». Jean-Bart a déclaré qu'il n'y a «jamais eu de plainte ni contre la fédération, ni contre le personnel engagé dans notre académie, ni contre ma personne. Ce genre de pratique d'abus sexuel est quasiment impossible dans notre centre étant donné les structures physiques, les principes d'éducation et la sensibilisation continue que nous avons mis en place. » Le président de la FHF a déclaré que les allégations sont « clairement une manœuvre pour déstabiliser la FHF, le  président et sa famille ». Selon des sources en Haïti, plusieurs joueuses qui ont à présent quitté le centre ont été contraintes par Jean-Bart à avoir des relations sexuelles avec lui, dont une qui a été forcée d'avorter. « Elle a été mise sous pression pour ne pas en parler », a confié une ancienne joueuse du centre. «Dadou a enlevé la virginité d'une de nos meilleures jeunes joueuses lorsqu'elle avait 17 ans en 2018 et a également dû avorter. Ces filles qui vivent au centre de la Fifa… c'est vraiment dommage car elles veulent jouer pour le pays. Si elles parlent de cette situation, elles seront toutes licenciées. Ce sont des otages. » Jean-Bart a déclaré qu’il n’encouragerait pas de telles pratiques dans le football haïtien, encore moins dans le centre qui est sous sa responsabilité. « Si de tels cas se présentaient, j'encouragerais les victimes à porter plainte auprès de la fédération et des autorités judiciaires du pays. Nous sommes prêts, au niveau de la fédération, à les soutenir. » Une autre joueuse, l'une des étoiles montantes d'Haïti qui joue professionnellement, a affirmé qu'un ami de Dadou avait tenté de la violer alors qu'elle vivait au centre, dans une banlieue de la capitale du pays, Port-au-Prince. « Elle a réussi à s'éloigner de lui et ses parents connaissent la situation », a révélé une autre source proche de la famille de la joueuse. « Mais Dadou a tout essayé pour garder cette affaire sous silence.»  Une autre victime présumée a déclaré: «J'ai tellement peur. Dadou Jean-Bart est une personne très dangereuse. Beaucoup de gens veulent parler mais ils ont tellement peur, surtout pour leurs parents qui vivent toujours en Haïti. » En réponse, Jean-Bart a déclaré: «À ce jour, dans le football féminin en Haïti, où il y a des générations de joueuses qui ont actuellement 50 ou 60 ans, il n'y a jamais eu, à ma connaissance, même des soupçons de ce genre. Personnellement, je le suis et j'ai été un homme non violent. Je ne comprends pas comment quelqu'un peut voir en moi un bourreau au point où les familles se sentiraient intimidées par moi. » La FHF a déclaré qu'elle prenait « des allégations aussi graves très au sérieux. À ce jour, nous n'avons reçu aucune plainte à cet effet. Notre projet est avant tout un projet humain qui vise à changer l'avenir des jeunes, à faire reculer l'exclusion par le jeu même si l'on sait que dans ce pays et même dans le monde certains esprits sont toujours en guerre contre le beau et le bien ». Les joueuses intègrent généralement le centre lorsqu'elles sont adolescentes, souvent sauvées d'une vie dans la rue. Financé par le programme «Goal» de la Fifa pour soutenir le développement du football, le centre a été décrit comme une occasion de «niveler le terrain de jeu international» par l'ancien vice-président de la Fifa, Jack Warner, lors de sa création en 2001. L'équipe masculine d'Haïti a comblé les attentes en atteignant la demi-finale de la Concacaf Gold Cup de l'année dernière. Mais plusieurs témoins ont confié au Guardian que les installations du centre sont dans un état de délabrement suite à des années de négligence, et en dépit des dons s'élevant à 6 millions de dollars reçus du programme « Forward » de la Fifa depuis 2016. Un porte-parole de la Fifa a déclaré que la FHF avait été interrogée sur les allégations d'abus sexuels au centre suite aux questions du Guardian. Le porte-parole de la Fifa a déclaré que les questions avaient été posées par un membre du personnel du bureau de Véron Mosengo-Omba, responsable des associations membres de la Fifa. « La Fifa a récemment été en contact avec la Fédération haïtienne de football dans le cadre d'un cycle général de contacts avec les 211 fédérations membres de la Fifa concernant la pandémie actuelle de coronavirus », a déclaré le porte-parole de la Fifa. «Le but de cet appel était de s'enquérir de la situation du football haïtien à la suite de la pandémie. Au cours de la conversation, le représentant de la Fifa a fait part de ses préoccupations concernant les allégations d'abus sexuels en Haïti et a souligné le programme et la boîte à outils dédiés aux fédérations membres - Fifa Guardians - conçus pour améliorer les normes de protection des enfants dans le football. »