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Le Nouvelliste

La reconstruction du palais national se précise…

Jan. 7, 2020, midnight

Quatre des huit projets retenus au concours d’architecture organisé par le Groupe de travail et de réflexion pour la reconstruction du palais national (GTRRPN) ont été présentés au jury composé de représentants du CIAT, de la CNIAH, dont Alix Cinéas, président, Viviane St-Dic, Rose-May Guignard, Marie-Edith Hilaire, Rudolph Dupuy, Béatrice Brun, Marcia Codinachs, Yves Fritz Joseph, Fritz Duplan, membres et membres suppléants, à la salle de conférence de la BRH, mardi 7 janvier 2020. La présentation publique « marque la fin d’un long processus », a indiqué la cheville ouvrière de ce groupe, l’ingénieur Clément Bélizaire de l’UCLBP qui a annoncé que le projet gagnant serait dévoilé par le président Jovenel Moïse le 12 janvier prochain, à l’occasion des dix ans du séisme qui avait fait des centaines de milliers de victimes et provoqué l’effondrement du palais conçu par Baussan au début du XXe siècle. « Au cours de ce processus, quinze groupements avaient répondu à l’appel à manifestations d’intérêt. Huit se sont qualifiés pour rentrer dans la course », a-t-il poursuivi, évoquant les termes de référence de ce concours qui « tiennent compte de la valeur patrimoniale de l’ancien palais, des besoins physiques, techniques et technologiques de la présidence ». L’organisation du concours, revendique l’ingénieur Clément Bélizaire, a laissé la liberté aux architectes d'impressionner à travers leurs propositions.   Durant plus de deux heures, aussi attentif que le jury, le petit gratin d’ingénieurs, d’architectes de renom, des écoliers, des étudiants, des personnalités de la société civile et des grands commis de l’État, l’ancien président Prosper Avril, l’ex-général Hérard Abraham, le ministre de l'Économie et des Finances Joseph Jouthe et le gouverneur Jean-Baden Dubois ont été à l’écoute de chaque projet. L’un des quatre projets, plus moderne, s’est affranchi de la reproduction de la façade du palais, des trois dômes. Il propose un nouveau palais surélevé, en axe de la cité administrative, supporté par 216 colonnes de 18,04 mètres de haut, symbolisant les 216 ans de l’indépendance d’Haïti, proclamée en 1804. A contrario, les trois autres ont intégré dans leurs conceptions la façade de Baussan. Les quatre projets, portés par des ingénieurs et architectes de renom comme Garry Lhérisson, Lesly Voltaire, Axan Abellard, Cassandra Mehu, Rodney Léon, David Adjaye, architecte en charge de conception du musée national de l’histoire de la culture afro-américaine du Smithsonian  Institute, récemment fait chevalier par la reine d’Angleterre… ont, à côté des fonctionnalités nécessaires à l’administration du palais, à la sécurité, au protocole, à son intégration dans la cité administrative, gardé vivantes l’histoire, l’art et la mémoire  du séisme du 12 janvier 2010. « Le palais est une site mémoriele qui s’intègre à la ville », a soutenu l’architecte Lesly Voltaire. Leurs propositions ont aussi en commun l’optimisme d’un avenir à bâtir. « Recréer le palais doit servir d’empreinte, de prototype d’une nouvelle ville à construire », a défendu David Adjaye.   Pour l’ex-président et commandant en chef des FAD'H Prosper Avril, « c’est une bonne initiative de mettre le public au courant de ce qui va se faire ». Les plans présentés tiennent « compte du caractère historique de l’œuvre qu’il se propose de construire en maintenant le lien entre le présent et l’avenir ». « Mes enfants se reconnaitront dans ce qui va se faire là », a-t-il confié, soulignant que « la reconstruction du palais doit transcender l’opinion de tout un chacun pour voir l’intérêt général ». Le choix de construire, attenantes au palais national, les casernes Dessalines, est salué par l’ex-commandant en chef Hérard Abraham. « C’est tant mieux », a-t-il confié au journal. « Il fallait le faire », a-t-il ajouté concernant la reconstruction du palais. « Tout ce que je souhaite est que le président ait le temps de faire un travail qu’il puisse inaugurer avant son départ », a indiqué Hérard Abraham. « Le concours a gagné sa prestation », a estimé l’architecte et ex-ministre du Tourisme Patrick Delatour, membre du Groupe de travail et de réflexion pour la reconstruction du palais national (GTRRPN). Il s’est réjoui de l’organisation du concours ayant permis à de grosses pointures de se mettre à l’ouvrage. Patrick Delatour a également salué le travail du groupe et des projets ayant revalorisé le palais conçu par Baussan.  Le journaliste senior et auteur Hérold Jean François a estimé que les quatre projets présentés sont « beaux », même celui qui ne reproduit pas la façade du palais de Baussan. Pour lui, tout pays doit avoir un palais. Il a indiqué qu’il n’y a aucun problème à se mettre ensemble pour aller vers la reconstruction du palais. L’économiste Kesner Pharel a pour sa part soutenu que « nous avons besoin de cette reconstruction ». Il a plaidé en faveur de la renaissance de la capitale, Port-au-Prince. Les investisseurs s’intéressent-ils à Port-au-Prince ?, s’est interrogé Kesner Pharel qui, en bon économiste, voudrait savoir combien coûtera la reconstruction du palais. Le coût d’exécution de chaque projet est connu par le jury. Le coût sera déterminant dans le choix du projet, a répondu au journal l’ingénieur Clément Bélizaire, interrogé par le journal en marge de l’évènement.