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Le Nouvelliste

La justice déguerpie par des bandits armés au Bicentenaire

Jan. 22, 2020, midnight

Les gangs armés imposent leur volonté à la justice. Au Bicentenaire, là où est situé le palais de Justice, les bandits armés décident quand les tribunaux, le bâtonnat et le parquet doivent travailler. Le mardi 21 janvier, pour une raison ou une autre, les bandits avaient intimé l’ordre aux occupants du palais de Justice de vider les lieux, et ce dans un délai d’une heure. « Juges, avocats, huissiers, greffiers, justiciables…tout le monde avait rapidement vidé les lieux… », ont confié au Nouvelliste plusieurs sources, dont des juges. Ce n’est pas la première fois que les bandits armés imposent leur volonté au palais de Justice.  Selon le président de l’Association nationale des magistrats haïtiens (ANAMAH), cette situation qui prévaut actuellement date de septembre 2018. Le juge Jean Wilner Morin a confirmé, le mardi 21 janvier, que tous les occupants du palais de justice avaient rapidement vidé les lieux à la suite des informations laissant croire que des bandits armés au Bicentenaire  avaient accordé un délai d’une heure aux occupants de déguerpir. Pour le président de l’Association nationale des magistrats haïtiens (ANAMAH), ce qui se passe au Bicentenaire est une violation des droits de l’homme. Le juge Jean Wilner Morin a évoqué la Convention interaméricains des droits de l’homme et la Déclaration universelle des droits de l’homme concernant l’arrestation et la comparution dans le délai de tout individu arrêté. « Le taux de détention préventive a augmenté », a dit constater le magistrat.   Encore une fois, le juge Morin a demandé au CSPJ et au ministère de la Justice de trouver un autre local provisoire pour favoriser le fonctionnement. L'homme de loi a rappelé que l’insécurité qui gagne du terrain dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince a déjà coûté la vie à un avocat, un juge, des huissiers et des justiciables qui ont été blessés dans l’enceinte même du palais de Justice. Le président de l’Association professionnelle des magistrats a aussi souligné que les bandits au Bicentenaire perturbent le fonctionnement de l'espace quand bon leur semble. Les gangs armés font parler la poudre à n’importe quel moment, notamment  « au cours d'une audience au tribunal ou pendant qu’un juge d’instruction auditionne quelqu’un…À ce moment, les juges s’abritent sous des bureaux, les justiciables courent dans tous les sens…Il y a au Bicentenaire un climat de peur », a dénoncé le juge Wando Saint-Vilier Le magistrat ne se trouvait pas au palais de Justice le mardi 21 janvier quand les bandits au Bicentenaire avaient accordé un délai d’une heure aux occupants du tribunal pour vider les lieux,  mais il dit avoir été informé de cet ultimatum des gangs de la zone. Ce dernier a appelé les juges à la prudence. Le juge Wando Saint-Vilier a également demandé au CSPJ et au ministère de la Justice de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité au Bicentenaire. « Si toutefois les autorités gouvernementales se trouvent dans l’incapacité de pacifier immédiatement la zone et étant donné que la justice est un service public qui ne peut cesser de fonctionner, nous leur demanderons de trouver un autre local pour le tribunal », a-t-il avancé. Le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince qui est logé aussi au palais de Justice a exprimé ses inquiétudes face à l’insécurité qui s’installe dans la zone du Bicentenaire. Me Stanley Gaston a souligné que tout le monde fonctionne dans un climat de stress au palais de Justice. « C’est une situation qui affecte le fonctionnement du tribunal et du barreau », s'est-il indiqué. Selon Me Gaston, l’administrateur du barreau a rapporté qu’un membre du parquet lui avait demandé le mardi 21 janvier de quitter l’espace. « Mais il ne m’a pas dit pourquoi », a précisé le bâtonnier. Des gens interrogés au barreau et au greffe ce mercredi ont confirmé au Nouvelliste qu’un substitut commissaire du gouvernement  leur avait demandé de quitter les locaux du palais de Justice pour des raisons de sécurité. Le Nouvelliste a tenté en vain d’entrer en contact avec le ministre de la Justice et de la Sécurité publique sur la situation d’insécurité qui prévaut au Bicentenaire.