Le Nouvelliste
Des écoles exposées à la violence dans les quartiers défavorisés
Jan. 8, 2020, midnight
Ne se préoccuper que de la formation, étant dans une salle, est un luxe que des élèves qui vivent dans les quartiers défavorisés contrôlés par les gangs ne peuvent pas se permettre. Leur quotidien est fait de violences et de peur. Les élèves des écoles nationales Hermann Héraux (4e avenue) et République du Pérou (Martissant 1), ceux des lycées de La Saline et Jacques Roumain de "Gran-Ravin" sont constamment privés de jours de classe quand les groupes armés s’entredéchirent dans l’indifférence des autorités. Le plus souvent, ces écoles sont le théâtre des affrontements. Ces deux lycées notamment logés dans des quartiers défavorisés sous la coupe des gangs ont commencé à recevoir leurs élèves certes, mais en petit nombre depuis le 7 janvier. A la 4e avenue Bolosse, les écoles privées et publiques ne peuvent pas fonctionner. Fermés un temps à cause de la situation de tension provoquée par des tirs nourris au Bicentenaire, ces établissements tentent de rouvrir leurs portes. L'école nationale Hermann Héraux, qui n'a fonctionné que pendant quatre mois au cours de l'année scolaire écoulée, attend depuis décembre des élèves qui ne viennent plus. Les responsables ont convoqué les enseignants mais les élèves ont déserté la zone, n’ont pas confirmé leur place pour cette nouvelle année scolaire. Lors de la reprise des activités scolaires en septembre, le lycée Jacques Roumain a commencé à fonctionner. « A cause du blocage des routes, les enseignants ne pouvaient plus venir. Mais en novembre, suite aux affrontements entre les groupes armés de Tibwa et Grand-Ravin, six jeunes ont été tués dans la cour de l’école. Les corps en décomposition ont été enlevés et les locaux nettoyés par la direction quelques jours plus tard », raconte Vertu William, le directeur, pour expliquer les causes de la fermeture de l’établissement. Une partie des élèves a pu regagner les classes en ce début d’année à la faveur du calme apparent qui règne dans la zone. Les élèves du lycée de La Saline n’ont pas cette chance à cause de l’escalade des violences ces derniers jours. Ils ont été transférés temporairement vers d’autres établissements. L’école nationale République du Canada accueille le 3e cycle fondamental, l’Ecole nationale Virginie Sampeur reçoit les élèves des classes NS1, NS2 et NS3 et ceux du NS4 sont hébergés à l’école nationale Isidore Boisrond. En raison du massacre de novembre 2018 à La Saline, cette école était fermée pendant cinq mois. Selon le directeur dudit établissement scolaire, Ralph Vladimir Rameau, cette solution n’est pas idéale mais elle évitera aux élèves de perdre plus de jours de classe. Il en appelle à des actions pour un retour au calme dans la zone.