Le Nouvelliste
Affaires…
May 7, 2020, midnight
Un homme ficelé comme une bête. Pied cassé. Bras cassé. Rien ne peut justifier cela. La honte, c’est de lire sur un organe de presse en ligne, comme compte-rendu de l’affaire, que l’homme en question s’est opposé à l’exécution d’un acte judiciaire. La honte encore d’entendre un avocat justifier cela sur les ondes d’une station de radio. Le fond de l’affaire, qui relève du droit de propriété, importe peu ici. Un juge, des officiers de police ne peuvent pas procéder ni laisser procéder à de tels traitements. Pour une fois, le Premier ministre de facto n’a pas fait le coup du proverbe assassin et a commandé une enquête. Mais le ton souvent belliqueux des officiels (le Premier ministre de facto a parlé d’infraction suicide, ce qui est un langage qui peut porter à commettre des excès de zèle dans l’action répressive), le retour à l’idéologie de l’absence de comptes à rendre depuis le néo-duvaliérisme instauré par Martelly/PHTK, le recours monnayé aux exactions de la part de certains agents de police… ce sont choses qui facilitent, encouragent de tels actes de violence. Patrick Benoit est connu. Mais un citoyen inconnu et n’ayant pas de téléphone portable… Les exactions, les violences sont le lot quotidien de nombreux citoyens… Des allégations d’abus sexuels sur mineures contre le président de la FHF. Des enquêtes en cours. Le président de la FHF lui-même en réclame. Respecter la présomption d’innocence. Respecter tout autant les droits des mineures. Et surtout ne pas les instrumentaliser encore avec des discours du genre « sal Dadou se sal nou ». C’est tendancieux comme argument. Ni avec des discours, comme l’a fait savoir une organisation de femmes, jouant sur la sympathie naturelle envers des mineures, disant « avoir appris avec la plus grande stupeur la conduite du président de la FHF qui indigne la conscience collective ». Un tel langage est outrancier. Il n’y a d’abus, du point de vue juridique, que lorsque la preuve est faite. Par ailleurs, et je dis bien par ailleurs, c’est une vérité générale et cela participe de la reproduction des inégalités dans la société : les enfants pauvres de ce pays sont trop livrés à eux-mêmes et au pouvoir d’autorités individuelles. La société haïtienne, et ici personne n’est épargné, manque de vigilance. Il ne manquerait plus qu’Haïti confie à des journalistes étrangers ni à des individus aux intérêts variables le travail de police des mœurs. Puisse cette « affaire » nous rappeler tous au devoir de vigilance. Soyons moralistes en amont et légalistes en aval. Oui, que ce triste début d’affaire serve, sans priver qui que ce soit de ses droits, à attirer l’attention sur les conditions de possibilité d’éventuels abus : on ne les réduira qu’en s’attaquant à leurs conditions de possibilité. Le RNDDH, des membres de sa direction, visés pour motif de corruption. Avec un avis de recherche qui semble pour le moins excessif. Difficile de ne pas soupçonner une affaire politique. Le RNDDH et le PHTK n’ont pas de liens d’amitié. Cette structure de défense des droits humains a été, et est un outil majeur de la démocratie haïtienne. Les massacres, les exactions, la répression, la situation de détenus… la corruption durant les années Martelly/PHTK/Moïse. Le RNDDH a contribué largement à les faire connaître. On peut donc s’étonner de ce zèle soudain de la part d’institutions de contrôle, vu qu’il contraste avec un laxisme honteux au bénéfice du pouvoir politique : institutions et personnes. Et bien entendu, confinement possible pour les uns, impossible pour d’autres… Cette morbidité qui suit son cours…